lundi 7 novembre 2011

Le syndrome de stress post-traumatique (3ème partie)

Le processus thérapeutique


Comme nous l’avons vue dans les deux premières parties de cet article, le syndrome de stress post-traumatique place la victime dans une position de dénie des faits. Pour ne plus souffrir dans le présent, elle rejette tout ce qui lui rappelle de près ou de loin ce qu’elle a subit par le passé. Ce qui a le pouvoir de transformer sa vie en enfer et de fuir la douleur.
Pourtant à force de refouler pour se protéger et vouloir tout contrôler, la personne finit la plupart du temps par éliminer tout plaisir de sa vie. Les gens qui sont venus à mon cabinet avaient tous passé de longues années à chercher à enfouir au plus profond d’eux la douleur qu’ils n’osaient montrer de peur d’être pris pour des faibles.
Pour faire sortir la douleur, il faut l’affronter afin de se donner l’opportunité de reconstruire ce qui a été cassé ; oser faire le bilan des dégâts et accepter de les avoir subis ; accepter finalement d’être resté cassé de ce trauma et d’en avoir supporté de lourdes conséquences. Voilà autant de conditions que la personne doit accepter pour commencer un processus thérapeutique.



Admettre le trauma


Rappelons que le trauma est une coupure nette dans l’histoire de la personne. Cette coupure représente l’éclatement de la vérité telle que la victime la percevait et a réduit son ancienne perception intérieure du monde à néant.
Lorsque la personne parvient à exprimer tout le contenu du trauma, elle commence à pouvoir appréhender ce qui la détruit dans le milieu protégé que représente la séance thérapeutique. D’un point de vue énergétique, émotionnel et mental, l’expression verbale permet non seulement de conscientaliser le déroulement exacte du drame mais également d’évacuer énormément de la charge toxique du trauma.
Sachant que le trauma correspond archétypalement à la mort, le garder intérieurement ne fait qu’empirer le SSPT. Le fait d’exprimer précisément ce qui a été vécu tant d’un point de vue factuel que sensoriel, permet peu à peu à la personne de se définir en dehors du trauma. Car souvent les personnes subissant le trauma sans l’exprimer restent incapables de reprendre leur vie en main car elles s’identifient à leur rôle de victime durant le moment dramatique.



Définir le trauma


L’objectif du thérapeute en faisant un travail précis sur le choc vécu est de déterminer très précisément les zones de la personnalité qui se sont écroulées pendant le drame. Le centre du processus thérapeutique en Shiatsu Holistique® se trouve à cet endroit : déterminer les dégâts pour que la personne puisse travailler consciemment les qualités inverses aux poisons psycho-affectifs ressentis durant de choc.


Trouver l’antipoison


En travaillant avec l’énergétique on apprend à traiter par l’inverse : on réchauffe le froid, on refroidit le chaud, on assèche l’humide, on humidifie le sec, etc. Logiquement lorsqu’il s’agit d’un choc psycho-affectif, le thérapeute suggèrera à la personne de développer la qualité inverse.
Exemple : dans le cas d’un viol, le problème d’irrespect est évident. Dans la plupart du temps les femmes violées vivent dans le présent le même dégout de leur corps qu’au moment du viol. Par le dialogue la personne peut se détacher dans cet exemple des actes commis et en imputer la responsabilité au violeur. Le fait que la violée accepte de donner au violeur sa pleine responsabilité lui permet de reconstruire des valeurs comme le respect, la valorisation et l’affirmation.
Le but est de permettre à la personne de se relever dans le total respect de ce qu’elle est. Et pour atteindre cet objectif, le thérapeute devra encourager la personne dans un travail d’auto-valorisation basé sur la définition précise de sa personnalité.
Après un long travail l’objectif est d’avoir donné les outils psycho affectif qui ont manqué à la personne lors du drame.



Traitement avec le Shiatsu Holistique®


Le traitement devra agir à plusieurs niveaux
  1. Traitement des conséquences physiologiques :
    1. Rééquilibrage énergétique global via le Shiatsu Holistique complet® et traitement des Cinq Eléments et des douze méridiens d’énergie. L’objectif sera de redonner une vitalité maximale au corps en l’harmonisant.
    2. Techniques de relaxation : Ecoute Sacrum© afin de réguler le système nerveux autonome la plupart du temps en hyper-sympathicotonie. Ce travail profond de relaxation a pour but à long terme de permettre à la personne de contrôler les montées de stress et de mieux se contrôler afin de ne plus tomber en état d’inhibition.
    3. Evitement du conflit : si nécessaire suggestion d’arrêt maladie
  2. Adaptation du patient à cette situation
    1. Travail profond sur sa perception de la situation : le syndrome d’inhibition de l’action suggère que le patient n’a pas trouvé jusque-là les ressources intérieures pour solutionner ce conflit. Le thérapeute devra travailler avec le patient afin de lui donner le détachement nécessaire afin qu’il puisse définir objectivement la problématique. Ce qui permettra au patient de comprendre qu’elles étaient les pensées, mécanismes, raisonnements et interprétations automatiques (issus du vécu antérieur, de l’éducation et de l’hérédité) ont été inadaptés dans le conflit. Cette phase de la thérapie devra permettre au patient de croire en sa possibilité intérieure de s’adapter par un travail sur lui-même. Le but à atteindre dans cette phase, est que le patient se revalorise et ait foi dans ses valeurs personnelles ainsi qu’en sa capacité à se relever positivement.
    2. La mise en place du repositionnement personnel par le patient lui-même afin que la cause du conflit ne soit plus facteur de stress dans le présent et le futur.
  3. Hygiène de vie et activités-détente
    1. Un travail de fond devra être fait au niveau de l’hygiène de vie : mise en place d’une diététique appropriée, phases de sommeil suffisantes et appropriées aux besoins spécifiques du patient.
    2. Développement d’activités dans lesquelles le patient se donnera du temps pour et par lui-même afin qu’il puisse se sentir valorisé et ainsi se détendre puis acquérir une sérénité réparatrice. Le but étant de le couper quotidiennement de toute source de stress ne serait-ce qu’une heure

Il est important que le patient trouve une solution afin de résoudre positivement le conflit qu’il vit. Le fait qu’un travail thérapeutique adéquat lui permette d’être l’acteur de sa propre guérison lui donne la capacité de se revaloriser très positivement et à long terme. Ce, afin d’éviter que le syndrome de désadaptation ne dégénère en syndromes névrotiques, troubles anxieux généralisés et dépression chronique.
Je suis d’avis que la personne pour s’en sortir à long terme doit mettre en place dans son environnement un monde plus juste qui exclue activement et positivement la possibilité que le même drame ne se déroule à nouveau. Lorsque les ex-victimes deviennent les acteurs d’un monde meilleur, elles partagent leur expérience positivement et participent à créer un environnement moins violent pour les générations à venir.



Conclusion


Le syndrome de stress post-traumatique est un drame qui peut arriver et qui touche plus de personne qu’on ne le croit. Bien que cela ne soit pas gagné d’avance, il existe un réel espoir de soigner à 100% une victime. Avec du courage et un gros travail personnel une personne peut sortir de son rôle de victime.
Lorsque l’on voit les statistiques des guerres, des viols et des violences en général, on peut perdre courage. Cependant je peux témoigner qu’un large sourire retrouvé qui illumine le visage d’une personne vaut des millions. Que ce soit en tant que victime, proche ou témoin nous pouvons aider, nous aider en tendant des mains.




                                                                                     Jean-Christian Balmat

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Le syndrome de stress post-traumatique (2ème partie)

Système d’activation ou d’inhibition de l’action


Dans le premier article, nous avons découvert les trois choix de l’être humain devant le danger : attaquer, fuir ou rester immobile.
Les SSPT sont surtout dus au fait que la personne étant en état d’inhibition ne choisit plus du tout sa vie mais la subit. Pendant tout le trauma, la victime a subit la volonté de son bourreau… sans rien pouvoir faire.
Pourquoi ? Comment est-ce qu’un être humain peut se retrouver dans cette situation ? Pour cela il faut comprendre le fonctionnement de l’être humain en situation normale.



Programmé à rechercher le plaisir



L’être humain est programmé à reproduire des comportements qui, dans son histoire ou dans celle de son espèce, ont procuré du plaisir, en entretenant sa vie (homéostasie) et en la faisant évoluer.
Ce qui satisfait une pulsion intérieure pleinement génère du plaisir. La satisfaction correspond à la cessation du manque intérieur ayant généré la pulsion. Le plaisir est la preuve sensorielle que le manque a cessé et que le corps va bien. La douleur est évidement l’inverse et conserve la préservation de l’intégrité du corps : en retirant par réflexe sa main d’une plaque chaude par action réflexe instinctive, nous sauvons notre main, sans y réfléchir consciemment. Ces deux notions ont présidé à la spécialisation de trois systèmes nerveux liés aux comportements : l’un est à la récompense (MFB), l’autre à la punition (PVS) et le dernier à l’inhibition (SIA).
Le cycle pulsion – action – satisfaction, géré par le MFB et la fuite ou la lutte efficace, permettant à l’organisme de préserver son homéostasie dans l’action, composent à eux deux le système activateur de l’action (SAA)
Le plaisir est le moyen développé au cours de l’évolution de notre espèce, pour nous inciter à manger, à trouver un partenaire sexuel, à se protéger du froid, etc.



La récompense et la punition


Deux systèmes se sont donc développés dans le cerveau pour traiter la récompense et la punition.
1.      Le « medial forebrain bundle » (MFB) en anglais qui est le circuit de récompense
2.      Le « periventricular system (PVS) », qui est le circuit de punition, qui active la fuite ou la lutte
Ces deux systèmes ont pour but de préserver l’homéostasie par l’action et forment ensemble le système activateur de l’action (SAA).
Le S.A.A. s’oppose au système inhibiteur de l’action (SIA). Ce système s’enclenche en cas d’inefficacité de notre action (qui correspond à un profond sentiment d’impuissance = « je ne peux pas interagir avec mon environnement car ceci est « faux » pour Moi, mais je ne parviens pas à agir donc je ne bouge plus, je me prostre, me replie »).
Le S.I.A. a été utile dans l’évolution et de manière très ponctuelle, dans les situations où toute action est susceptible d’empirer la situation. Lorsque l’humain perçoit que la lutte ou la fuite sont impossibles, il se contente de la soumission et l’acceptation (passive et à contrecœur) afin de maintenir autant que faire se peut le statu quo.
Dans notre société moderne où la compétitivité est érigée au rang de dogme, de nombreuses personnes vivent dans l’appréhension de la « punition » : peur du chômage, peur de ne pas avoir la promotion, peur de ne pas pouvoir payer les factures à la fin du mois, peur de dire au chef de vente nos petits résultats, etc. Dans ce genre de cas, la personne n’a plus l’impression d’avoir de choix et sombre dans l’inhibition chronique. De nombreuses conséquences sont à déplorer lors d’un sur fonctionnement du SIA comme entre autres : dépression, maladies psychosomatiques, ulcères d’estomac, hypertension artérielle. A noter également qu’étant donné que le SIA épuise le potentiel de lutte du système immunitaire des pathologies plus graves peuvent se développer ultérieurement.



Centres de la récompense et du plaisir


Les principaux centres cérébraux de la récompense sont localisés le long du MFB (medial forebrain bundle, en anglais). Le faisceau médian du cortex préfrontal en français). Le MFB est composé de plusieurs centres[1] qui participent tous à la réponse comportementale. Ces centres sont interconnectés et innervent l’hypothalamus, l’informant de la situation, plaisante en l’occurrence. L’hypothalamus réagit alors sur les fonctions végétatives (parasympathique dans ce cas) et endocrinien (libérant des hormones liées au plaisir) par l’intermédiaire de l’hypophyse.


Centres de la punition


Les stimulations déplaisantes et/ou douloureuses qui provoquent la fuite ou la lutte activent les centres de la punition ou PVS. Le PVS est formé de plusieurs centres[2]. L’activation du PVS provoque l’activation du système nerveux sympathique et la libération dans l’organisme d’ACTH et d’adrénaline qui préparent rapidement le corps aux efforts exigés par la fuite ou la lutte
Le système de punition inhibe le système de récompense. Ce qui explique que certains régimes politiques ont réussi au court de l’Histoire à manipuler le peuple par la peur et la peur de la punition (ex. : déportations). Ceci est également valable dans toute autre structure sociale : couple, famille, entreprise, etc.
Le MFB et le PVS forment les deux principaux systèmes de motivation de l’être humain. Ils ont pour but assouvir les trois pulsions instinctives (respirer, se nourrir, se reproduire) et d’éviter la douleur.



Centres d’inhibition


Le Pr. Henri Laborit a mis en évidence un troisième circuit : le système d’inhibition de l’action (Behavioral Inhibitory System (BIS)). Il est associé au système septo-hippocampal, à l’amygdale et aux noyaux de la base. Ce système est comme nous l’avons vu, celui qui prend le relais lorsque la lutte ou la fuite ne sont plus possible, avec les conséquences négatives au niveau physiologique.
Pour prendre un exemple simple, le SIA est le système qui produit l’immobilisme du campagnol survolé, à terrain découvert, par une buse. Ce fonctionnement temporaire lui sauve la vie plus sûrement que la fuite. Par contre, dans le cas où un individu se sent comme le campagnol lorsqu’il est en relation avec son patron, se parents ou autres, la situation se gâte. Car il perçoit une impossibilité de fuir ou de lutter : s’il le faisait, il en perdrait son emploi, sa place dans la famille, etc. De plus si la situation perdure des mois ou des années, les conséquences peuvent être catastrophiques en termes de santé (voir aussi le sous-chapitre sur le stress) en affaiblissant fortement les capacités du système immunitaire.
Le SIA peut également « s’enclencher » dans le cas où l’individu manque d’information à propos de ce qu’il vit dans le présent : une personne âgée devant un pc dont elle ne comprend pas le fonctionnement ou un voyage dans un pays étranger sans comprendre la langue et l’écriture. En effet, pour agir efficacement, l’être humain a besoin d'un certain nombre d'informations sur le monde qui lui donnent des possibilités différentes de répondre. Si les apprentissages et expériences antérieures n’apportent pas l’information à l’individu, le SIA prend le dessus sur le SAA. Attention : à l’inverse l’excès d’information (téléjournal, publicités agressives, etc.) a le même effet. Enfin, l’imaginaire peut produire des scénarios que l’individu redoute de vivre. Dans ce cas lorsque le cauchemar se matérialise sous les yeux de la personne, celle-ci se trouve totalement inhibée.



Le stress et le syndrome de désadaptation


Même si nous vivons au 21ème siècle, une ère hautement technologique, l’être humain reste, dans son fonctionnement, un primate. Confronté à une situation de conflit (effective objectivement ou qu’il perçoit comme tel), tout son organisme (surtout le système neuroendocrinien, système cardio-vasculaire et cerveau primitif ou reptilien, siège des instincts) se prépare à l’action avec deux types de « programmes »
  1. Le combat
ou
  1. La fuite
Hélas, le problème est que ces deux alternatives sont souvent impossibles à mettre en place pour l’homme moderne. Se trouvant alors dans l’impossibilité d’agir, il doit alors s’adapter à cette situation. C’est ici qu’apparait le stress biologique par inhibition de l’action largement évoqué par Pr. Henri Laborit.

Pour conserver son équilibre psycho-affectif intérieur face à ce stress exogène, il va devoir puiser dans ses ressources intérieures. A savoir sa personnalité qu’il a forgée au fil de ses expériences sur la base de son hérédité, puis conditionnera sa capacité à gérer le conflit et ses conséquences.
Rappelons que la personnalité de l’être humain se construit et se réorganise en permanence en fonction de l’éducation dispensé par le milieu familial, son vécu antérieur et son environnement présent affectif et matériel. La capacité d’adaptation de chacun a donc des limites liées aux « caractéristiques » de sa personnalité et à son environnement.
Une fois cette capacité dépassée (anxiété inhibitrice) ou épuisée (asthénie, dépression), apparait ce que nous appelons le syndrome de désadaptation avec les conséquences suivantes :
l  Anxiété
l  Insomnie
l  Dépression
l  Troubles compulsifs alimentaires (TOC), anorexie-boulimie
l  Et, on l’oublie, avec comme conséquence indirecte, la toxicomanie (médicaments, alcool, drogues dures) compensatrice


Conclusion de la deuxième partie


Nous avons découvert d’une manière simplifié le fonctionnement du cerveau humain face au danger. Comprendre le SSPT revient à admettre le besoin que l’être humain a d’exister en manifestant son être au travers d’actions qu’il choisit de faire en réponse aux stimuli du monde extérieur.
Au moment où le choix de ses actes n’est plus de son ressort mais qu’un événement traumatisant lui fait perdre les commandes de son corps, l’être humain vit un choc émotionnel violent.
Ce corps qu’il contrôlait a été envahi par une sensation tellement étrangère à ce qu’il s’attendait, qu’il n’a tout simplement pas réagit du tout ! Explicable d’un point de vue neuropsychologique, cet état est insupportable d’un point de vue affectif. Le corps devient comme un temple profané. Ce qui était sacré, l’intimité est bafouée, foulée au pied de la pire façon.
Pourtant, la première étape du soin pour la personne sera d’évoquer le trauma en acceptant ce qu’a été le choc au plus haut point et qu’elle l’a refoulé au plus profond d’elle.

Dans la troisième partie nous évoquerons en détail chaque étape du processus thérapeutique possible pour une personne souffrant de SSPT.




                                                                                     Jean-Christian Balmat

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[1] Les centres composant le MFB sont : l’aire tegmentale ventrale (ATV), le noyau accumbens, comme le septum, l’amygdale, le cortex préfrontal ainsi que certaines régions du thalamus
[2] Dont l’hypothalamus, le thalamus et la substance grise centrale ainsi que l’amygdale et l’hippocampe

dimanche 6 novembre 2011

Le syndrome de stress post-traumatique (1ère partie)

Introduction


En 21 ans d’activité thérapeutique, j’ai à plusieurs reprises aidé des personnes victimes de ce que l’on nomme le syndrome de stress post-traumatique. Leur pathologie avait des causes diverses :
·         Viol avec ou sans plainte ultérieure.
·         Accident de la route avec décès de personnes impliquées.
·         Adultes souffrant des conséquences de violences parentales invalidantes socialement.
·         Soldats revenu de leur mission traumatisés.
·         Victimes de guerre ayant dû fuir en urgence leur pays sans possibilité de revenir à moyen terme.
Ce qui m’a le plus interpelé dans ces cas, c’est indéniablement le fait que ces personnes avaient une vie antérieure au trauma totalement différente de celle qui le suivait. Ces personnes malgré des origines et des histoires de vie complétement différentes les unes des autres, souffraient toutes d’une incapacité totale à reprendre leur vie en main après le drame. Malgré les années passées à patiemment apprendre une profession, à constituer des liens sociaux forts, elles se retrouvaient dans la plus totale impuissance après un trauma qui souvent n’avait duré que quelques minutes.
Elles ne pouvaient retrouver des émotions normales, ne pouvaient pas passer un jour sans se souvenirs du drame vécu. Longtemps après le trauma, elles finissaient par consulter pour lutter contre ce mouvement de repli sur elle-même dont elles souffraient. Le grand malheur de ces personnes était qu’en plus du fait qu’elles évitaient d’évoquer le drame (trop honteux pour le faire), celui-ci devenait un tabou pour leur environnement social voir la société tout entière qui maintenait le silence sur le sujet.
Les objectifs de cet article sont non seulement d’apporter un descriptif aussi complet que possible de cette pathologie afin d’apporter toute l’aide possible aux victimes mais aussi d’informer les proches au sens large afin qu’ils osent apporter leur aide si précieuse dans ces cas-là.
Le syndrome de stress post-traumatique est un traumatisme lourd de l’ensemble de la structure psycho affectif de l’être qu’il le subit. Cependant il existe des moyens efficaces de traiter les symptômes ou tout du moins de les réduire au maximum. Le thérapeute, les proches et la société ont tous un rôle important dans le traitement : celui de soutenir la victime en lui donnant l’opportunité d’évoquer l’enfer subit et de la soutenir durant le processus de guérison. Dans le cas du syndrome de stress post-traumatique, il ne s’agit pas d’aider la victime mais de nous aider nous-mêmes. Car les causes qui permettent le viol, la violence familiale, sociale et la guerre ne sont pas (ou plus) défendables dans une société de droit comme la nôtre à notre époque. Trop souvent les victimes souffrant du syndrome de stress post-traumatique se cachent, trop honteuses pour demander de l’aide dont elles ont besoin mais surtout auxquelles elles ont droit. Cette situation peut changer si nous y participons tous à la hauteur de nos possibilités et de nos moyens personnels.



Généralités


Le syndrome de stress post-traumatique désigne un type de trouble anxieux majeure qui survient à la suite d’un choc émotionnel vécu de manière profondément traumatisante. Le syndrome de stress post-traumatique ou SSPT est aussi connu sous le terme de trouble de stress post-traumatique.
Le syndrome de stress post-traumatique est la réaction psychologique de l’individu à une situation traumatisante durant laquelle son intégrité physique, émotionnelle ou psychologique ou celle de son entourage, a été gravement menacé. Il est la conséquence par exemple d’un accident grave, d’une mort violente ou prématurée, d’un viol, d’une maladie grave, de la guerre, d’un attentat.
Suite au stimulus du choc la réaction immédiate est la peur intense, le sentiment d’impuissance ou le sentiment d’horreur. Le syndrome de stress post-traumatique peut apparaitre immédiatement suite à la réaction aigue mais peut également se manifester beaucoup plus tard c’est-à-dire des semaines, des mois voire des années plus tard. Toute expérience traumatisante est susceptible à elle seule de générer un SSPT sans que les personnes aient nécessairement un terrain psychologique ou psychiatrique fragile (antécédents de dépressions, angoisses, etc.) antérieurement au choc.


Historique


C’est à la fin du 19ème siècle qu’apparaissent les premières études sur le sujet traitant par exemple des accidents sur les grands chantiers de construction. On emploie alors  le terme de « névrose traumatique » (traumatic neurosis). Les deux guerres mondiales génèrent tellement de cas, que la psychiatrie militaire développe la compréhension que nous avons du SSPT. Dans les années 60-70 les actions des mouvements pacifistes et féministes ont permis d’élargir la signification du terme aux violences familiales et sociales après les traumatismes de guerre et du travail.
Les médecins constatent chez les patients des troubles précis quel que soit l’origine du choc :
·         L'apparition fréquente de symptômes cardiovasculaires chez les personnes traumatisées à la suite d'accidents de travail puis chez des soldats sur la ligne de feu
·         névrose hystérique
·         les problèmes de suggestibilité et les crises mémorables de dissociation résultant des expériences insoutenables subies par ses patients.
Dans les années septante, des séquelles psychologiques graves présentées par les anciens combattants des États-Unis revenus massivement du Viêtnam ont entrainé un regain d'intérêt pour le SSPT
On constata à cette époque que les symptômes ressentis par les soldats étaient similaires à ceux de femmes victimes de viol et les enfants battus. Les cauchemars et les surgissements inopinés d’images traumatiques étaient vécus par tous.
Dans de nombreuses guerres modernes, du Vietnam, jusqu’à l’Afghanistan, l’armée américaine constate davantage de victimes par suicide d'anciens combattants, que de combattants tués au combat en raison de cet état de stress post-traumatique.

Dans nos sociétés modernes, les institutions sociales ont mis en place des services d’aide médicale et psychologique aux « victimes directes », ainsi qu’aux amis et proches parents de ces victimes directes et aux témoins.



Les symptômes


Le syndrome de stress post-traumatique se déroule en deux temps :
·         Le trauma, toujours inattendu et horrible, génère une grande frayeur chez la victime se retrouvant en situation d’impuissance totale
·         Après le trauma et ce à long terme, l’individu revit cette souffrance passée d’une manière répétitive et incontrôlée.

D’une manière schématique et simplifiée, on peut dire que le patient vit dans le désespoir et le replie total sur lui en vivant trois grands types de sentiments pathologiques persistants :
·         L’intrusion du trauma passé dans la vie présente : la victime du trauma le revit répétitivement sans pouvoir empêcher ses souvenirs de hanter ses jours et ses nuits. Il faut bien comprendre que l’individu revit complètement et exactement l’horreur du trauma d’un point de vue nerveux. Les angoisses et les peurs éprouvées réaccompagne le souvenir. Les cauchemars sont une autre manifestation de ce type de symptôme.
·         L’évitement : la personne tente d’éviter toutes les situations et les facteurs qui ont le potentiel de ramener à la surface le souvenir du trauma. Celle-ci aura tendance à éviter d’en parler pour éviter d’y être confronté directement ce qui peut générer une amnésie partielle ou totale de l'événement. Cette stratégie d’évitement conduit la personne à l’insensibilité émotive afin de ne plus souffrir du souvenir du trauma. Elle perd tout l’intérêt pour les activités qui auparavant la passionnait et se replie s’éloignant même de ses proches.
·         L’hyperstimulation : l’individu souffrant d’SSPT est constamment dans un état d’hypervigilence pathologique. Cet état anormal a pour conséquence la baisse de la capacité de concentration, de l’insomnie, de la nervosité, une tendance à s'effrayer facilement, une impression constante de danger ou de désastre imminent, une grande irritabilité ou même un comportement violent

Ces trois troubles s’accompagnent parfois de dépression, de tendance suicidaire, de comportements addictifs (alcoolisme, toxicomanie) et peuvent entraîner une grande invalidation sociale (perte d'emploi, conflits familiaux). Sans aide ni prise en charge, l'état anxieux peut persister et dégénérer.



L’évitement et le retrait


L’évitement de tout ce qui rappelle de trauma est la principale conséquence d’un traumatisme psycho-affectif majeur. Ce qui est un moyen de protection naturel pour la victime devient le moteur de son retrait progressif de la vie sociale. Tout ce qui ramène au souvenir du trauma comme comme les activités, les conversations, les personnes, les endroits sont évités mais également ce qui est susceptible de générer une reproduction du drame
On peut distinguer plusieurs types d’évitement :
·         L’évitement affectif : l’individu prend après le drame l’apparence d’une personne indifférente émotionnellement ce qui lui permet d’éviter de ressentir des émotions reliées au drame. La personne évite les fortes émotions au niveau familial, professionnel et social.
·         L’évitement comportemental : la victime du trauma évite toute situation, tout comportement, toute personne, tout contexte ou endroits associé au drame. Cet évitement peut être intentionnel ou inconscient.
·         L’évitement physiologique : la personne opère en elle une action qui s’apparente à une désensibilisation générale face au plaisir et à la douleur. Le drame s’étant déroulé dans un contexte de douleur extrême la personne tente de maintenir son niveau d’émotion au plus bas. Dans le cas où le niveau d’émotion s’élève dans l’environnement présent de la victime, celle –ci peut éprouver le sentiment d’imminence de la reproduction du drame.
·         La peur d’avoir peur : la personne évite toute situation susceptible de générer des émotions ou des souvenirs. Elle reste totalement inhibée et semble immobile, dans l’impossibilité d’avancer dans la vie. Elle refuse de prendre des risques normaux inhérents à la vie en société. Ce refus de se souvenir de qu’elle veut oublier peut générer une agressivité excessive envers son environnement et son retrait des groupes sociaux auxquels elle appartenait.


Comprendre le trauma


Les chocs susceptibles de provoquer un SSPT sont divers et variés. Par contre les effets sont similaires.
Il faut, pour appréhender la nature de ce type de trauma, comprendre que ce dernier déstructure complétement la représentation du monde de la victime. C’est-à-dire que le trauma est une manifestation d’un archétype qui n’appartient pas la représentation du monde que s’est construite la victime au cours de toute sa vie. Tout ce qui était vrai jusqu’au drame s’écroule. Car le trauma prouve à la victime par son existence même que ce qu’elle déterminait comme faux, impossible et étranger à sa vie est finalement possible. Soudain l’horreur, le crime pénètre le périmètre vital de la personne. Bien que déjà très grave d’un point de vue physiologique, le trauma en changeant le vrai en faux et le faux en vrai transforme le psycho-affectif. Celui-ci pour parler très simplement s’éteint littéralement.
D’une manière imagée, le trauma créé une explosion dans la pensée de la victime qui n’a pu réagir tellement la nature de l’événement traumatique vécu lui était étrangère au moment durant lequel il se déroula.
Face à un stimulus qui lui inspire le danger, l’être humain a trois choix :
1.      Attaquer
2.      Fuir
3.      Ou rester inhiber et immobile sans possibilité de mouvement.

L’être humain quel que soit son sexe, son âge, sa culture, son histoire et sa spécificité n’a que ses trois choix face au danger.
Les deux premières solutions, attaquer ou fuir, nous parlent de situations graves certes, mais dont la personne est ressorti indemne. Par contre la troisième est celle qui a le potentiel de déclencher un SSPT. Dans cette situation l’être humain est aussi incapable d’agir que le lièvre devant les phares d’une voiture. La conséquence de cette immobilité est énorme puisque c’est cette impuissance qui est la principale source d’auto-dévalorisation pour la victime.




                                                                                     Jean-Christian Balmat

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